• En visite familiale au Liban où réside la famille de mon épouse, j'assiste en direct et avec douleur aux évènements actuels. Alors que le pays compte plus de 120 morts au moment où ces lignes sont écrites, il n'est pas sûr que les Européens aient bien pris conscience de l'ampleur des destructions et des meurtres qui sont commis ici depuis plusieurs jours par l'armée israélienne. Elle fait ainsi payer à l'ensemble des habitants le rapt de deux soldats israéliens que le Hezbollah comptait échanger contre une partie des prisonniers arabes croupissant par milliers dans les prisons de la « seule démocratie du Proche-Orient » et dont aucun président, aucun premier ministre, aucun député, en Europe ou aux Etats-Unis, ne s'est encore préoccupé. Aucun d'eux ne s'est précipité, tout au long de ces années, pour demander leur « libération immédiate ».

    Aucun d'eux ne s'est soucié ce faisant, de désamorcer l'un des fondements de cette crise et de rétablir un peu la balance. Faire payer aux Libanais ce rapt et le soutien d'une large partie de la population à la « résistance », faire payer aux leaders politiques le fait de n'avoir pas pris le risque, depuis le départ des Syriens, d'une nouvelle guerre civile pour désarmer le Hezbollah, leur faire payer l'hésitation qu'ils ont manifesté à accepter de jouer, ce faisant, ce rôle auquel on a tenté de réduire l'Autorité Palestinienne, celui d'une police intérieure au service des intérêts israéliens ou occidentaux dans la région, ce sont sans doute là les raisons de cette agression sanglante de l'armée israélienne.
    Même si elle prend fin rapidement, il faudra des années pour effacer les traces des destructions dont cette armée s'est rendue coupable ces derniers jours. Bien que ces propos ne pèsent pas lourd face à la désinformation qui domine en Europe dès qu'il est question du conflit entre Israël et ses voisins, il faut redire que l'armée israélienne est seule responsable de cette furie destructrice que rien ne justifiait. S'il a enlevé deux soldats, le Hezbollah n'a pas porté atteinte à leur vie et il n'a attaqué les zones civiles israéliennes qu'en réponse aux bombardements aussi massifs qu'incompréhensibles de populations civiles au Liban Sud, dans les banlieues Sud de Beyrouth, à Baalbek et presque partout ailleurs. « Inadmissible » ou pas, cet enlèvement autorisait-il la destruction d'un pays entier ? Oui sans doute, quand on considère que les Arabes "ne comprennent que ça" (chercher la filiation...). Par ailleurs et quoiqu'on vous en dise ici, je vous assure qu'il n'y aucune commune mesure entre les roquettes tirées par le Hezbollah et les puissantes bombes incendiaires des Israéliens qui s'abattent nuit et jour sur les villes, les immeubles (des bombes incendiaires pour plus de « dégâts »), les ponts, les usines. Au demeurant, on n'a toujours pas entendu dire que l'armée de la Honte avait réussi à neutraliser des combattants du Hezbollah. Les civils, apparemment, suffisent. De préférence musulmans et surtout chiites, mais personne ici n'est à l'abri. Pas même le Premier Ministre.
    Comme en Palestine au même moment, les meurtres de civils, hommes, femmes, enfants, les meurtres délibérés de familles entières se multiplient. Ils ont débuté bien avant que les premiers morts ne se comptent en Israël. Parmi les dizaines de morts et les centaines de blessés dont de très nombreux enfants, au moins 3 familles de 7 à 9 personnes ont ainsi été décimées dans le sud du Liban dès les premières heures de l'opération en cours et de nouvelles informations de ce type se succèdent régulièrement sur les TV allumées en permanence. Dans certaines régions du Sud, les bilans ne sont pas encore connus avec précision, les informations circulant de plus en plus difficilement entre cette région et le reste du pays. Nous savons seulement que l'armée israélienne y a utilisé des bombes au phosphore, que les bombardements sont continus, que les cibles sont indifférenciées et que tout le monde est terrorisé. Dans tout le pays, les destructions des infrastructures civiles sont systématiques. Les routes et autoroutes, les ponts, les aéroports, les ports mais aussi des réserves de carburants, des stations services, des centrales électriques, des barrages électriques, toutes ces infrastructures sont systématiquement pulvérisées ou mises hors d'usage. Depuis deux jours, ce sont aussi les casernes de pompiers (à Tyr où des habitants s'étaient réfugiés), les casernes militaires (à Tripoli), les usines même alimentaires (l'usine Liban Lait près de Baalbek a été détruite cette nuit) qui sont prises pour cible. La présence sur les routes d'une foule de familles, de touristes et de travailleurs étrangers tentant de fuir le sud vers le nord, ou le Liban lui-même vers la Syrie n'empêche pas ces routes d'être bombardées et de nombreuses personnes y ont laissé leur vie. Après que des tracts largués par l'aviation israélienne aient poussé les habitants d'un village à le fuir en vue d'une prochaine attaque, des habitants se sont dirigés vers les locaux des Nations Unies pour obtenir protection. Après le refus des « soldats de la paix », ces personnes sont parties sur les routes, vers le Nord où le bombardement de leur véhicule a tué 22 personnes et, à nouveau, décimé toute une famille.
    En quelques jours, des années de reconstruction physique, politique et psychologique ont volé en éclat. Alors que le pays, d'années en années tentait difficilement de se relever de sa guerre civile, c'est à nouveau l'image du chaos qui envahi l'écran. Le sentiment terrible que toute cette folie destructrice n'aura jamais de fin. Que tout sera encore et toujours à recommencer, à reconstruire pour être à nouveau réduit en pièce par un Etat sans honneur ni dignité, seulement préoccupé de maintenir les sociétés voisines dans un sous développement qui le rassure sur l'illusion de sa propre supériorité et de sa sécurité. Après la destruction de la Cisjordanie il y a quelques années, de Gaza aujourd'hui, la puissante armée israélienne sème à nouveau la mort et la destruction au pays du Cèdre, toujours sous le regard des dirigeants européens qui ne semblent craindre qu'une chose : qu'Alain Finkelkraut ne les désigne comme « antisémites » parce que « trop critique envers Israël ». Alors que les autres pays du Moyen-orient semblent sagement attendre que leur tour arrive, les dirigeants français quant à eux abandonnent les Libanais. S'ils furent prompts à imposer la fin du protectorat syrien au Liban, ils les laissent aujourd'hui mourir sous les bombes israéliennes.

    Que vont devenir les nôtres ? C'est la question angoissante que tous ceux qui ont de la famille ou des amis au Liban se posent maintenant, en priant Dieu d'épargner leur vie et en pleurant tout ce gâchis, toute cette dévastation aussi inutile que cruelle. Les dirigeants israéliens promettent que leur guerre criminelle sera longue. Le Hezbollah promet des ripostes à la hauteur des crimes commis par les militaires israéliens. Les hôpitaux sont pleins, les médicaments manquent, l'Etat, l'armée, les services publics semblent paralysés et commencent déjà à être directement pris pour cibles. Le prix des produits alimentaires a commencé à augmenter. Certaines denrées essentielles vont bientôt se faire rares. Les ports et les routes étant coupés ou détruits et le blocus toujours actif, l'approvisionnement des villes va très rapidement devenir difficile. L'essence ne va pas tarder à manquer et avec l'essence, l'électricité puis l'eau potable, ce qui est déjà le cas dans certaines villes. Après le départ des travailleurs saisonniers, les agriculteurs ne trouvent plus d'ouvriers pour cueillir les fruits. Tous les projets de constructions sont arrêtés, les magasins, les restaurants, les rues sont vides. Beaucoup de personnes ont cessé de travailler. Le chômage risque maintenant d'augmenter très rapidement. La faillite menace les nombreuses personnes qui ont investis ces dernières années dans divers projets commerciaux. La pauvreté grandissant et l'Etat s'affaiblissant, on ne peut que craindre que les processus de replis communautaires et le clientélisme sur lequel ils s'appuient vont s'accentuer. Ce sont l'ensemble des équilibres sociaux, politiques et économiques, déjà instables, qui sont menacés. C'est le chaos qui, plus que jamais, menace aujourd'hui le Liban.

    Détruire pour détruire, isoler, diviser, désespérer, semer puis entretenir la haine, appauvrir voir affamer : tandis que les dirigeants américains et britanniques ont fait de l'Irak un nouveau Liban, les dirigeants israéliens font aujourd'hui du Liban une nouvelle Palestine, avec la complicité passive sinon active des dirigeants français et européens.
    Il est 22h00, ce 16 juillet. Les murs tremblement. Aux grondements sourds des avions répondent les explosions. Elles ont lieu a quelques kilomètres (Chtura, Baalbek, Saad Nayel, Rayak...), mais le souffle menace de faire exploser les vitres de la maison. Le père de ma femme s'amuse de nos airs effrayés et ne semble pas s'inquiéter. Depuis 30 ans, il en a vu d'autres. On se réfugie dans les coins, loin des vitres, avec notre pour mettre notre fils de 9 mois. Hady porte bien son nom. Il semble calme et serein. Avec un air mi-amusé mi-étonne, il regarde les voisins d'en haut, très agites, venus se réfugier ici. Avec sa maman, nous lui chantons des chansons et je le fais rire pour ne pas qu'il s'inquiète. La nuit sera longue, avec deux ou trois alertes de ce type. Sa jeune tante de 12 ans, en age de comprendre, a peur mais tente de se contenir ses larmes. Que Dieu les protégent.

    Dans quelques jours sans doute, les services français organiseront notre sortie. Nous mettrons notre fils a l'abri. Devrons-nous laisser sa jeune tante seule se réfugier dans les coins de la maison avec ses parents ? "Seulement les Européens" m'a rétorquée la personne a l'ambassade.

    Quel monde pourri.

    Willy Beauvallet
    Zahlé, Liban – 17 juillet 2006


    Source union juive francaise pour la paix ... je felicite ce site et vous invite tous à aller le visiter.  Bravo encore


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  • Extrait de la Lettre de David Ben Gourion à Moshe Sharett, alors Premier ministre d'Israël, l'incitant à exécuter un plan de démembrement et de déstabilisation du Liban. Destinée à rester confidentielle, cette lettre fut néanmoins publiée, malgré la protestation du gouvernement israélien, par le fils de David Ben Gourion, en 1979, en annexe de ses mémoires posthumes.



    datant du le 27 février 1954



    ....... " il est clair que le Liban est le maillon le plus faible dans la chaîne de la Ligue arabe. Hormis les coptes, toutes les autres minorités du monde arabe sont musulmanes .


    Mais l'Égypte est le pays le plus compact et le plus solidement établi de tous les États arabes, la très large majorité y constitue un bloc très solide, véritablement de même race, de même religion et de même langue. La minorité chrétienne ne peut réellement y remettre en cause l'entité politique et la nation. Cela n'est pas le cas des chrétiens du Liban.


    Ils représentent la majorité dans le Liban historique, et cette majorité a une tradition et une culture radicalement différentes de celles des autres populations de la Ligue.


    Même dans ses frontières élargies (et c'est bien la plus grave des fautes qu'ait commises la France que d'avoir élargi les frontières du Liban), les musulmans ne sont pas libres de leurs mouvements par peur des chrétiens, bien qu'étant peut-être majoritaires (et je ne sais pas s'ils le sont).


    La constitution d'un État chrétien est dans ces conditions quelque chose de naturel. Il aurait des racines historiques, et serait soutenu par des forces importantes dans le monde chrétien, aussi bien catholiques que protestantes. En temps normal, c'est quelque chose de presque impossible à réaliser, avant tout à cause de l'absence d'initiative et de courage des chrétiens. Mais dans des situations de confusion, de troubles, de révolution ou de guerre civile, les choses changent, et le faible peut se prendre pour un héros. Il est possible (en politique, il n'y a jamais de certitude) que maintenant le moment soit favorable pour provoquer la création d'un Etat chrétien à nos côtés. Sans notre initiative et notre aide, la chose n'aura pas lieu. Je pense qu'actuellement c'est notre tâche essentielle ou tout du moins l'une des tâches essentielles de notre politique extérieure, et il faut investir des moyens, du temps, de l'énergie, et agir par tous les moyens de nature à entraîner un changement fondamental au Liban.


    Il faut mobiliser Eliahou Sasson et tous nos arabisants. S'il y a besoin d'argent, il ne faut pas compter des dollars, même s'il se révèle que l'argent aura été dépensé à fonds perdus. Il faut se concentrer de toutes nos forces sur cet objectif. Pour cela, peut-être faut-il faire immédiatement venir Reouven Shiloah. Manquer cette occasion historique ne serait pas pardonnable. Il n'y a de notre part aucune provocation à l'égard des Grands de ce monde. De toute manière, nous ne devons jamais agir « au nom » de quiconque. Et il faut, selon moi, agir rapidement, à toute vapeur.


    Sans un rétrécissement des frontières du Liban, cela n'est bien entendu pas réalisable. Mais, si l'on trouve des gens et des éléments au Liban qui se mobilisent pour la création d'un État maronite, ils n'ont pas besoin de larges frontières ni d'une population musulmane importante, et ce n'est pas cela qui sera gênant.


    Je ne sais pas si nous avons des gens au Liban, mais il y a toutes sortes de moyens pour réaliser la tentative que je propose.


    Bien à toi


    David Ben Gourion  "


    source reseau voltaire


    Cette lettre que j'ai trouvé sur le site du reseau voltaire montre bien à quel point tout ce qui se passe aujourd'hui n'est pas une surprise pour Israel, mais revele bien d'un plan bien organisé qui vise a destabliser la region à son profit.


     c'est bel et bien un plan digne de machiavel qui vise à tuer le maximun de libanais musulmans sous quelques pretextes que ce soit, destabliser les fondements meme du liban, divisé la population, les amener à se detester pour enfin permettre aux chretiens du liban de s'imposer .


    Un etat chretien au coté de l'etat juif d'israel serait un allié dans la region apparemment aux yeux des gouvernants israeliens....


    Il est d'ailleurs choquant de voir comment les libanais chretiens se désolidarisent face au sud liban à dominante musulman qui se fait pilonner tous les jours, les quartiers chretiens ne sont jamais visé par l'armée israelienne... mais l'aeroport de beyrouth à été detruit, les usines demolies, les routes bombardés, les enfants du liban tués... quoiqu'on en dise c'est bel et bien le liban qui est visé... je suis scandalisé par la passivité de l' armée libanaise qui ne reponds pas au agression d'israel et qui ne defends pas SES ENFANTS des bombes de l'ennemi


    Israel veut clairement diviser le liban pour mieux regner...!


    Esperons que les libanais quelques soit leur confession n'oublieront jamais qu'ils sont des arabes avant tout et que c'est là leur point fort, leur base, leur unicité et le fondement du liban tout entier.


    A.S








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  • Crimes de guerre au Liban




    Les forces israéliennes ont lancé une série d'attaques délibérées contre des biens de caractère civil dans tout le Liban.




    L'aéroport international de Beyrouth, dix ponts et une centrale électrique ont été touchés ; était également visé  les bureaux de la chaîne de télévision Al Manar à Beyrouth et un émetteur à Baalbek ont été touchés.




    Parmi les victimes libanaises, on compte une famille de dix personnes, dont huit enfants, tués dans le village de Dweir, près de Nabatiyeh et une famille de sept personnes, dont un bébé de sept mois, tués dans le village de Baflay, près de Tyr.

    La Quatrième Convention de Genève interdit les « peines collectives, de même que toute mesure d'intimidation ou de terrorisme » (article 33). L'article147 de la Convention établit que « la destruction et l'appropriation de biens non justifiés par des nécessités militaires et exécutées sur une grande échelle de façon illicite et arbitraire » constituent une violation grave des Conventions de Genève et sont des crimes de guerre. Tous les Etats parties à la Convention sont tenus de poursuivre les auteurs présumés de violations graves de ladite Convention.




    Le Protocole I additionnel aux Conventions de Genève codifie le principe de distinction, règle fondamentale du droit international humanitaire coutumier : « En vue d'assurer le respect et la protection de la population civile et des biens de caractère civil, les Parties au conflit doivent en tout temps faire la distinction entre la population civile et les combattants ainsi qu'entre les biens de caractère civil et les objectifs militaires et, par conséquent, ne diriger leurs opérations que contre des objectifs militaires. » (article 48).


    Le droit international humanitaire interdit strictement toute attaque contre des des civils ou des biens de caractère civil.




    Le Statut de Rome de la Cour pénale internationale (CPI) définit comme crime de guerre : « Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre la population civile en tant que telle ou contre des civils qui ne participent pas directement aux hostilités » et « Le fait de diriger intentionnellement des attaques contre des biens de caractère civil » (article 8 2 (b) (i) (ii)




    Appel à une enquête internationale




    Amnesty International appelle les Nations Unies pour qu'elles constituent et déploient en Israël et dans les territoires occupés une équipe d'expert· reconnus chargées de mener une enquête indépendante et exhaustive sur la détérioration de la situation des droits humains dans la bande de Gaza.




    Cette équipe devrait enquêter sur le nombre toujours plus grand de Palestiniens tués par les forces israéliennes et sur les attaques délibérées et disproportionnées des forces israéliennes contre des biens et des infrastructures civils dans la bande de Gaza, ainsi que sur le lancement de roquettes artisanales qassam par des groupes armés palestiniens dans les parties d'Israël voisines de la bande de Gaza.




    L'équipe chargée de cette enquête devrait disposer de moyens suffisants. Elle devrait être composée d'enquêteurs impartiaux, possédant l'expertise nécessaire dans la conduite d'enquêtes criminelles et médico-légales. Elle devrait compter parmi ses membres des spécialistes dans les domaines de la médecine médico-légale, de la balistique et du droit humanitaire et relatif aux droits humains. Toutes les parties – Israéliens et Palestiniens – devraient accepter de coopérer pleinement avec les experts et leur permettre d'accéder sans restriction aux personnes, aux lieux et aux documents.




    Amnesty International estime que la gravité de la situation nécessite une approche globale permettant d'enquêter sur tous les aspects de la crise actuelle, y compris sur les facteurs qui la favorisent. L'objectif devrait être de définir les responsabilités respectives de chacune des parties concernées et d'identifier les mesures concrètes que chacune devrait prendre pour assurer la protection de la population et offrir des voies de recours efficaces et accessibles aux victimes de ses actes.




    Après une année marquée par une diminution sensible du nombre d'homicides commis par les deux parties, la situation s'est fortement détériorée ces derniers mois.




    Depuis le début de l'année 2006, les forces israéliennes ont tué quelque 150 Palestiniens  dont beaucoup n'étaient pas armés parmi lesquels plus de 25 enfants. À ce jour, aucune de ces affaires n'a fait l'objet d'une enquête satisfaisante.




    Ces derniers mois, l'armée israélienne a procédé à plusieurs milliers de tirs d'artillerie et a mené des dizaines de raids aériens sur des zones densément peuplées de la bande de Gaza. Ces attaques ont fait des dizaines de morts parmi les Palestiniens, dont plusieurs femmes et enfants.




    Plus récemment, à la suite de l'enlèvement d'un soldat israélien par des groupes armés palestiniens, qui le détenaient toujours en otage le 18 juillet, les forces israéliennes ont bombardé à plusieurs reprises, de manière délibérée, des systèmes de fourniture d'eau et d'électricité, des routes et d'autres infrastructures civiles, des établissements scolaires et d'autres institutions publiques, ainsi que des biens privés, dans la bande de Gaza.




     Ces destructions ont de graves conséquences humanitaires sur la population palestinienne, dont la situation s'était déjà détériorée à cause des sanctions imposées depuis la victoire du Hamas aux élections palestiniennes de janvier 2006.




    Les deux camps affirment que leurs attaques respectives sont menées en réponse aux attaques de l'autre camp, faisant fi des règles du droit international qui interdisent les représailles, les attaques délibérées contre des civils et les attaques disproportionnées et sans discrimination mettant en danger la vie de personnes civiles.




    Alors que la tension continue de monter entre Israël d'une part et l'Autorité palestinienne et les groupes armés palestiniens d'autre part, l'inquiétude grandit pour la sécurité de la population civile.




    Amnesty International exhorte le Conseil des droits de l'homme à aborder la situation de manière exhaustive et constructive. Elle l'invite à formuler des propositions concrètes garantissant la protection efficace des droits humains de tous ceux qui sont pris dans la crise actuelle – populations palestinienne et israélienne. En vertu de la résolution 60/251 de l'Assemblée générale des Nations unies, le Conseil des droits de l'homme a clairement et sans ambiguïté pour mandat de s'occuper de situations spécifiques relatives aux droits humains, notamment des violations flagrantes et systématiques de ces droits, ainsi que de réagir dans les plus brefs délais aux urgences dans ce domaine. La situation qu'il examine aujourd'hui répond clairement à ces critères.




    Amnesty International appelle tous les membres du Conseil des droits de l'homme à relever le défi en prenant des mesures concrètes qui changent réellement les choses pour les personnes touchées par la crise actuelle. Le Conseil doit éviter de reproduire la situation qui a prévalu pendant des années au sein de la Commission des droits de l'homme, qui a beaucoup parlé de la situation dans les territoires occupés palestiniens mais a très peu agi. Amnesty International estime que le déploiement d'experts internationaux chargés d'enquêter sur la détérioration de la situation des droits humains dans la bande de Gaza serait une mesure concrète importante.




    Catastrophe humanitaire à Gaza




    L'organisation a condamné les attaques telles que celle menée par les forces israéliennes dans la nuit du 11 au 12 juillet 2006 ; une famille entière – Nabil et Salwa Abou Salmiya et leurs sept enfants âgés de sept à dix-sept ans - ont été tués lorsque leur maison, située dans un quartier résidentiel très peuplé de Jabaliya, au nord de la ville de Gaza, a été prise pour cible par l'aviation israélienne. Plus d'une trentaine d'autres résidents ont été blessés lors de l'attaque.




    Des responsables du gouvernement israélien ont affirmé que le raid aérien visait Muhammad Deif, un dirigeant de la branche armée du Hamas, dont la présence aurait été signalée dans le bâtiment au moment de l'attaque et qui aurait été blessé. Toutefois, le gouvernement et les responsables militaires qui ont ordonné et mené le raid aérien sur le bâtiment aux alentours de 2h30 du matin devaient savoir que Nabil Abou Salmiya, enseignant à l'université et membre du Hamas, sa femme et ses enfants seraient chez eux et qu'ils seraient tués ou blessés en même temps qu'un certain nombre d'autres résidents




    De telles attaques contre des civils sont interdites en droit international et Amnesty International lance un appel pour qu'y soit mis un terme immédiatement. Au cours de ces dernières semaines, des dizaines de femmes, d'enfants et de passants palestiniens ont été tués et des centaines d'autres blessés par les forces israéliennes dans des raids aériens et des pilonnages d'artillerie – parfois même dans leurs maisons.




    Outre les neuf membres de la famille Abou Salmiya, une quinzaine d'autres Palestiniens ont été tués au cours de ces deux derniers jours, ce qui porte en date du 14 juillet à 240 le nombre de Palestiniens tués par les forces israéliennes cette année. Ce chiffre englobe de nombreux membres de groupes armés palestiniens tués lors d'affrontements armés avec les soldats israéliens mais aussi de nombreux passants non impliqués dans les combats, parmi lesquels des dizaines d'enfants. Dans le même temps, une vingtaine d'Israéliens, des civils pour la plupart, ont été tués par des groupes armés palestiniens.




    Alors que s'accroît la tension après l'enlèvement d'un soldat israélien par des Palestiniens armés il y a deux semaines, une crise humanitaire grave se profile dans la bande de Gaza, avec des conséquences de plus en plus sérieuses pour les quelque un million et demi de Palestiniens qui y vivent.




    La poursuite de la fermeture du point de passage de Rafah entre la bande de Gaza et l'Égypte empêche tout déplacement pour l'ensemble de la population de Gaza. Des centaines de Palestiniens qui se trouvaient à l'étranger lorsque la frontière a été fermée sont bloqués depuis des jours côté égyptien de la frontière, sans pouvoir rentrer chez eux à Gaza.




    La pénurie de médicaments, de nourriture et de carburant s'aggrave du fait des fermetures répétées et prolongées, par Israël, du point de contrôle de Karni par lequel transitent tous les biens entrant dans la bande de Gaza. Depuis la destruction de la centrale électrique et de canalisations d'eau à Gaza par les troupes israéliennes il y a deux semaines, la plupart des habitants palestiniens se retrouvent sans électricité ni eau la plupart du temps et la situation s'aggrave en raison de la pénurie de carburant nécessaire au fonctionnement des générateurs et pompes à eau.




    Les conséquences sont particulièrement graves dans les secteurs de la santé et de l'assainissement – particulièrement à cette période de l'année où la fourniture en électricité et en eau est essentielle au fonctionnement des appareils de réfrigération et de conservation des aliments et des médicaments.




    Amnesty International a déclaré qu'Israël devait lever rapidement les mesures de fermeture et les restrictions arbitraires imposées aux points de passage de Rafah et Karni et permettre l'entrée et la sortie de la bande de Gaza des personnes et des marchandises. Selon l'organisation, Israël doit également réparer la centrale électrique, les conduites d'eau, les ponts et autres infrastructures détruites par ses troupes....


    Dernière modification le : 19 juillet 2006


    source amnesty international



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